Olivia…

Depuis ce matin ton prénom résonne…

Depuis ce soir mon coeur bat, mes oreilles bourdonnent, ma tête cherche une explication

Il n’y en aura sans doute jamais.

Olivia les larmes ne te ramèneront pas, elles n’ont jamais fait revenir personne…

Pas même les cris de tes enfants que je devine quand ils comprendront la profondeur de cette perte.

Je prononce ton nom comme un chapelet qu’on égraine, mais tu ne répondras pas.

Olivia…

Olivia…

Je ne t’ai pas connu quand tu étais plus petite mais je sais que tu es trrooop jeune pour partir de la sorte.

Il y a des pertes qui arrachent le coeur, comme Tata Ruth, je ne comprends pas…je ne comprends pas mais je vois un point commun, l’amour pour vos enfants, pour vos foyers,

écrire me libère l’esprit

écrire me donne l’occasion de parler à l’Esprit

écrire me permet de mettre des mots sur mes émotions quand je ne sais pas les exprimer autrement.

Olivia…Je n’arrêtais pas de me dire…c’est moi, c’est moi…quelle différence entre toi et moi? Des cris et des larmes… et toi immobile…c’était très dur!

Et je sais qu’en tournant mon dos pour rentrer chez moi, Je tournais le dos à beaucoup de choses, j’avais changé, je n’étais plus celle qui est venue te dire aurevoir.

Ce jour-là fut le jour où je vis Papy pour la dernière fois, le savais-je alors? Nous nous sommes dits, bye, il m’a dit “embrasse les enfants…rentre bien”…Et c’était la dernière…Est-ce que je pouvais imaginer que quelques mois après il te rejoindrait.

Il y a des décès qui coupent le souffle, qui estomaquent, qui secouent. J’ai écrit ici pour mon papa Raphaël et il y a un an, j’ai commencé ce papier sur Olivia mais impossible d’aller au bout. La rage au ventre, les larmes pleins les yeux, ce n’est pas juste, ce n’était pas juste. Je n’ai pas pû le terminer.

Je reprends aujourd’hui parce qu’il est important que je finisse et que j’exorcise ces décès…eux aussi. Je sais exactement ce que je faisais, où j’étais…Mais ce n’est pas ce qui m’importe. Ici j’aimerai parler de ma relation à la mort.

Depuis petite, je me suis toujours sentie interpellée par les décès. Il n’était pas compréhensible de naître et mourir aussi banalement. Il y avait une raison, mais personne n’avait de réponse.

Ma première rencontre avec ce phénomène est arrivée lorsque la maman de mon amie d’enfance s’en est allée alors que nous étions au CM2. J’ai eu peur de ce phénomène. Je n’ai pas compris. L’année d’après en 6ème, je découvre, par la mort de sa maman, une jeune fille qui deviendra ma sœur…. et puis en 5ème ou 4ème Mémé Ngodi s’en va….Bref j’ai développé une peur inexplicable de la mort.

Je me posais des questions sur nous, ceux qui restent et ceux qui partaient…et personne n’avait jamais de réponse. Il y avait des silences et des larmes.

Il y eut d’autres décès après ceux là, et le point commun a toujours été la dimension: “la vie continue”. Encore aujourd’hui, j’ai envie que le monde s’arrête pour que tous sachent qu’il y a un être cher qui est parti. Mais, en y repensant, surtout après papa Raphaël, j’ai compris que c’est ce qu’ils auraient voulu, que nous continuons de vivre. J’ai réalisé, qu’au final c’est le plus bel hommage que nous puissions leur rendre, continuer à vivre dans les valeurs qu’ils nous ont transmises.

Plus le temps passe, plus il me semble évident que les itinéraires sont tracés d’avance et je ne sais pas si, comme l’effet papillon, un battement de cils, un écart de trajectoire, un changement de direction, de décision, aurait mener à une issue différente.

Les sentiments sont tellement mélangés, et les émotions tellement fortes que des fois je me demande, si moi je suis dans cet état…comment sont les autres? les pères…mères…frères…sœurs…et je me mets en retrait. Il est impossible de porter la douleur d’autrui.

Avec le temps, j’ai muri, j’ai beaucoup pleuré, et j’ai fait la paix avec la vie. Pendant que j’étais dans un spa, un jeune homme souffrait, pendant que je soufflais les bougies de mon garçon, cette maman pleurait son unique, et une épouse pleure son cher amour, des enfants sont devenus orphelins. et pendant que je vous écris, d’autres drames se jouent. “That’s just the way it is” a chanté un célèbre rappeur, alors autant faire la paix et ne plus avoir peur.

J’ai réalisé aussi qu’il y a une forte dimension spirituelle à certains décès, comme je disais plus haut, des fois ils arrivent comme une façon de semer la haine et la colère dans les cœurs des uns et des autres. Créer des rancunes qui sont des poisons de l’âme. Je repense sans cesse à ce verset biblique qui dit ‘garde ton coeur plus que tout autre chose…’ et je me rends compte qu’il est primordial de faire la paix et encore une fois de laisser aller.

Oui, j’ai fait la paix avec la vie. J’ai compris que comme la naissance, comme une rupture, comme une joie, la mort est un évènement de la vie. Le caractère définitif la rend plus dure à digérer mais c’est une phase de la vie.

Je me dis à moi-même, je vivrai et je partirai repue de mes jours à 100ans (hahahaha j’aime les chiffres ronds), vidée de ce que je devais donner au monde, aimée et entourée. Je partirai en laissant une dynastie forte qui perdurera dans la même paix et le même amour que moi.

LydiaUnchained about life.

Tata Ruth, Tata Bea, Tonton Laté, Mams, Papa Raphaël, Olivia, Papy, Toli...

Leave a Reply

Fill in your details below or click an icon to log in:

WordPress.com Logo

You are commenting using your WordPress.com account. Log Out /  Change )

Twitter picture

You are commenting using your Twitter account. Log Out /  Change )

Facebook photo

You are commenting using your Facebook account. Log Out /  Change )

Connecting to %s